Comment empêcher le piratage de vos livres
Peu de temps après avoir sorti “Le Crime selon Narpeking” j’ai appelé le directeur des Editions Policemania pour faire un premier bilan des ventes. Il m’a annoncé une cinquantaine d’exemplaires vendus. Ayant été habitué à des résultats à 4 chiffres, j’ai été déçu de ce flop. En faisant une rapide recherche, j’ai découvert que mon roman était offert gratuitement sur plusieurs plateformes. Sur l’un des sites, mon roman affichait 30.000 téléchargements !
Certains lecteurs oublient qu’un auteur écrit pendant parfois un an ou même toute une vie avant de sortir un livre. Internet permet de télécharger le fruit de ce travail en quelques secondes et, encouragés par de grosses plateformes, la tentation est grande de ne pas rémunérer les auteurs.
Je ne fais pas du tout le procès des pirates ou de ceux qui n’ont pas les moyens d’accéder à la culture. De nombreuses études montrent que les pirates sont souvent ceux qui consomment le plus de biens culturels. Je m’intéresse plutôt aux auteurs qui triment et espèrent recevoir quelques encouragements financiers qui leur permettront de voir leurs efforts rétribués.
Je suis plutôt contre ceux qui partagent sciemment le travail des autres.
Un jour je suis tombé sur une lectrice qui “offrait” l’un de mes romans. J’ai profité de cette occasion pour lui dire qu’offrir le travail des écrivains n’était pas généreux, mais toxique pour la création. Elle n’a rien voulu entendre, argumentant qu’au nom de la liberté d’expression, c’était son droit. Elle considérait que si les auteurs écrivaient, c’est qu’ils avaient le temps et donc l’argent nécessaire. Elle s’imaginait que les écrivains étaient tous des Stephen King en puissance, vivant dans des palaces et dînant au Ritz tous les soirs, ignorant qu’en France moins de 5% des auteurs vivent de leur plume. Je lui ai dit que si elle voulait partager des livres, elle n’avait qu’à les écrire elle-même.
C’est vrai, je connais énormément d’auteurs qui gagnent à peine de quoi se payer un repas dans un restaurant modeste avec les revenus de leur livre au bout d’un an ! Souvent ils acceptent leur sort, remettant même la qualité de leur travail en cause. Malgré cela, ils se remettent au travail, sachant qu’ils risquent de ne pas gagner davantage avec leur prochain opus.
L’écriture est une passion dévorante qui vous prend aux tripes et vous incite à vous priver de sorties, de moments conviviaux en famille, d’heures de lectures ou de cinéma. Il faut que les lecteurs aient conscience qu’écrire est déjà, en soi, un acte de générosité qui implique toujours un travail qui ne se comptabilise pas en temps ou en argent. Donner quelques euros aux écrivains, c’est les sortir de la précarité et donner du poids à la création de demain. C’est un investissement !
Lorsque j’ai sorti “Un Suspect presque parfait“, une version non corrigée a été éditée, puis massivement “partagée”. L’erreur a vite été réparée par les édition Policemania. Mais, longtemps après, des personnes n’ayant pas acheté le roman ont posté des commentaires négatifs sur le livre !
Il existe pourtant un moyen simple de contourner le piratage. Il suffit de créer une version altérée de votre ebook et de la diffuser sur tous les sites de partages de fichiers. Je vous conseille de laisser cependant les premiers chapitres de votre roman en entier, cela peut vous permettre de faire découvrir votre plume à de nouveaux lecteurs. Si les lecteurs-pirates apprécient votre histoire, il y a fort à parier qu’ils finiront par acheter le livre afin d’en connaître la fin. L’autre solution est d’offrir délibérément une version light, comme le font déjà de grands auteurs. Transformer votre lutte contre le piratage en outil de promotion peut-être le moyen le plus constructif de faire connaître votre travail sans pour autant passer pour un rustre répressif.
Pour les lecteurs qui ne veulent pas ou ne peuvent pas payer des ebooks à quelques euros, tournez-vous vers les innombrables romans qui sont proposés gratuitement par les auteurs eux-mêmes. Mais surtout, encouragez-les avec des commentaires bienveillants. Ce n’est pas parce qu’un livre vous est proposé gratuitement ou que vous le piquez sur un site de voleurs qu’il ne vaut rien. Soyez encourageants.
Enfin, lorsque vous téléchargez des ebooks gratuitement, vous donnez de l’argent à des organisations mafieuses. Elles font des bénéfices grâce à la publicité engendrée par vos clics et surtout, la bande passante de votre connexion internet que… vous leur offrez.